DIVERS

Du lac de verdure formé par les rizières et creusé entre les collines nues dont l’érosion laisse apparaître la chair latéritique, surgît une masse noire de granit: Analamanga ( forêt bleue), Vohitsara ( cité de beauté) ou Antananarivo, la capitale malgache. Naguère cachée sous une véritable petite forêt et construite sur une série de collines, elle évoque sur une carte en relief un immense Y.

Il est extrêmement fascinant de faire la connaissance de cette ville au hasard des ruelles qui la sillonnent de part en part, se croisent et s’entrecroisent, relayées par de rudes et minuscules escaliers, servant d’issues à des rues qui se rétrécissent à mesure qu’elles gravissent la haute ville. Pis, personne ne saurait prétendre sérieusement trouver son chemin, sur une carte: la ville est bâtie sur trois terrasses et les Tananariviens ignorent souverainement les noms des rues, ici ne comptent que les quartiers, dont les frontières se chevauchent.

Seuls ceux qui ont connu cette ville pourraient comprendre cet attachement romantique des malgaches pour leur capitale. A sa beauté physique, Antananarivo ajoute un cachet particulier et devenu rare de nos jours, que les mégapoles déshumanisées ou les capitales artificielles ne saurait lui disputer.

Son extension au cours des siècles n’a altéré en rien sa beauté originelle ni grevée sa richesse humaine. Les Tananariviens, comme tous les habitants des capitales du monde, prétendent incarner tout le pays, mais réclament simultanément un certain droit à la différence. Volontiers frondeurs, ils allient à leur panache un sens de l’humour et un flegme tout artificiel. Éternel insatisfait, ils sont pourtant joyeux de vivre. Mais ils restent malgaches: tout est réserve derrière la fronde, tout est intérieur derrière le sourire.